Si vous suivez un peu ce qui se passe dans nos campagnes française, vous n’êtes pas passés à côté des épisodes de gel des mois de mars et d’avril. Vous avez certainement vu la mobilisation des agriculteurs, qu’ils soient vignerons ou autres. Pour comprendre la situation, je reviens sur le risque que représente le gel pour les vignes.
Le gel endommage la vigne
Les vignes sont des plantes très rustiques. Elles peuvent résister à beaucoup de situations différentes. Sur des coteaux en général, les vignes sont soumises au froid de l’hiver, aux pluies, à la grêle, à la sécheresse, etc. En France, nous avons un climat très riche. Certaines de ces situations peuvent poser des problèmes si elles arrivent au mauvais moment dans le cycle de la plante. C’est le cas quand la grêle tombe en plein été alors que les fruits se gorgent de sucre. C’est aussi le cas au printemps, quand les bourgeons se forment et que le gel s’invite.
La partie sensible
Car la partie la plus sensible de la vigne, c’est le bourgeon. C’est à partir de là que pousseront les fruits et la récolte de la nouvelle année. Tout nouveau, tout frais, il est très sensible aux écarts de température et surtout ne peut survivre à des températures inférieures à -2 / -3 ° C. Les gelées qui causent le plus de dégâts sont donc celles du printemps, car à ce stade les bourgeons ont commencé à fleurir et sont le plus vulnérable.
Dans de telles conditions, les vignobles les plus exposés au gel sont ceux situés aux pieds des coteaux ou dans les plaines car c’est là que l’air froid se rassemble.
Comment la vigne gèle ?
Et oui Jamie, comment est-ce que du bois gèle ?
C’est très simple.Au printemps, la sève commence à remonter dans le pied de la vigne puis vers les branches pour alimenter les extrémités. Les bourgeons apparaissent, éclatent puis les premières feuilles sortent. Les bourgeons et les jeunes feuilles sont très riches en eau principalement.
Lorsque le froid arrive alors que l’eau est dans les bourgeon et les feuilles, l’eau gelée brûle les jeunes pousses. Mettez un glaçon sur votre bras, vous aurez une légère impression de brûlure. Et bien là, c’est démultiplié. Ajoutez à ça le soleil qui tape sur les bourgeons gelés et vous avez un beau four à matière végétal.
Des mois de travail et d’entretien de la vigne peuvent être ruinés en quelques heures à cause du gel.
Protéger les vignes du gel
Sur Instagram, les professionnels nous ont partagés leurs techniques. En fonction des situations de chacun, les solutions sont à privilégier.
Torches et bougies
Une des solutions les plus couramment utilisées consiste à allumer des bougies ou des torches pour protéger les vignes. Le but est de produire de la chaleur et de produire un peu de fumée (non toxique). Les bougies sont souvent des pots de paraffine qui produisent des flammes de 50cm.
Les vignerons les placent à intervalles réguliers dans le vignoble, ce qui suffit à augmenter la température de 3°C en moyenne. C’est suffisant pour éviter la formation de gel dans la plupart des cas. Dans le passé, on brûlait également du bois, de la paille ou du combustible dans de vieux fûts d’huile, mais ça dégageait beaucoup de dioxyde de carbone. On a malheureusement pu voir aux informations que certains dépourvus d’autres moyens d’action utilisent encore ces méthodes et que des intoxications au monoxyde ou dioxyde de carbone ont pu être déploré.
La fumée qui est dégagées empêche les rayons du soleil du petit matin de brûler les bourgeons recouverts de givre et d’accélérer les dégradations. Car le givre n’est pas le premier ennemie.
Le cocon de glace
Cette solution m’a toujours interpelé. Elle consiste à arroser les vignes lors des épisodes de gel. La finalité est de créer un cocon de gel autour des bourgeons. Pourquoi ? Parce que le gel est aussi un isolant thermique. Et que si on fait un cocon, alors l’eau du bourgeon ne pourra pas geler. Les vignes sont alors abondamment arrosées jusqu’à ce que la température passe sous le point de congélation. Cette méthode est généralement réservée aux parcelles de vigne les plus à risque car l’installation des conduites d’eau ET des arroseurs est très coûteuse.
Le vent protecteur
Et les hélicoptères ? Et les turbines ? De plus en plus souvent maintenant, vous pouvez trouver des éoliennes dans les vignobles. Ces petites turbines font circuler l’air et l’air chaud, plus lourd, redescend et réchauffe les vignes. Quelques degrés gagnés peuvent souvent suffire pour éviter que les têtes ne gèlent comme avec les bougies.
Sur le même principe, les vignerons font appel à des hélicoptères pour voler à basse altitude au-dessus des vignes. En brassant l’air, l’hélicoptère plaque l’air chaud au sol. Cette solution est onéreuse et polluante. Mais surtout, elle est dangereuse car elle doit être menée dès le levé du soleil. Dans ce cas, les appareils volent en général à une hauteur de 10 à 15 mètres du sol. Ces méthodes par brassage d’air permettent de gagner un degré, parfois un et demi. Ça peut être suffisant dans les régions les plus méridionales.
Il y a depuis peu de nouvelles méthodes qui apparaissent avec des panneaux solaires qui peuvent renvoyer de la chaleur, des protections naturelles avec de la végétations et je suis sûr que beaucoup d’autres idées vont encore émerger. Mais il va falloir être vigilant à l’impact que ça aura pour le futur.
Les vignerons sont de mieux en mieux équipés pour protéger les vignes du gel, et les prévisions météorologiques s’affinent. Mais les épisodes de gels sont toujours plus fréquents. Le réchauffement climatique n’a pas fini de modifier les cartes de l’agriculture. Et la nature nous rappelle aussi que c’est toujours elle qui décide.
Malgré tout, nos professionnels souffrent et dépensent beaucoup d’énergie. Donc pensez à eux, à leurs nuits blanches, à leurs incertitudes lorsque vous voyez les températures qui descendent au printemps ou en été.
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